Une renommée internationale
1969-1973

De 1969 à 1973, la réputation nationale et internationale de Morrisseau prend son envol grâce à sa démarche artistique de narration visuelle.  

 

1969

Exposition en France  

 

1973

Norval Morrisseau souffre d’alcoolisme et est arrêté pour ivresse publique. Il passe six mois à la prison de Kenora, en Ontario. Pendant son incarcération, on lui offre une autre cellule qui servira d’atelier. Il peint des œuvres majeures à cette époque.  

Il rejoint le Professional Native Indian Artist Inc. (PNIAI), également connu sous le nom de « Groupe indien des Sept », mis sur pied par l’artiste odawa Daphne Odjig à Winnipeg. Parmi les autres membres figurent Alex Janvier, Jackson Beardy, Eddie Cobiness et Joe Sanchez.

Le groupe a pour mission de soutenir les artistes autochtones en début de carrière.

Il fait l’objet de deux films documentaires de l’Office national du film (ONF), dont Norval Morrisseau : un paradoxe (1973) et Fierté sur toiles (1974).

Affiche de l'exposition de 1968 au Newport Art Museum.

Le Dr Herbert Schwarz rencontre Morrisseau sur le site de l’Expo 67 à Montréal avant son inauguration. Morrisseau ne termine pas sa murale pour le pavillon des Indiens du Canada pour des raisons de censure, mais il noue néanmoins une amitié avec Schwarz, ce qui mène à trois expositions et la production d'illustrations pour l’ouvrage Windigo and Other Tales of the Ojibways, McClelland and Stewart, Toronto-Montréal, 1969.

Propriétaire de la Galerie Cartier à Montréal, le Dr Schwarz s’allie à Jack Pollock pour organiser trois expositions. La première de celles-ci se tient à Montréal en 1967 avant d’être présentée à Newport dans le Rhode Island en 1968 dans une exposition collective qui rassemble aussi de l’art inuit. Fait marquant, l’exposition à Saint-Paul-de-Vence en France, l’année suivante, constitue la première exposition internationale individuelle de Norval Morrisseau.

Herbert Schwarz et Jack Pollock organisent l’exposition avec le soutien du gouvernement canadien.

Le catalogue d’exposition, rédigé par Schwarz, fait la promotion de « Légendes indiennes du Grand Nord canadien » ou encore « d'œuvres représentant des légendes autochtones ».

Affiche pour l'exposition de Norval Morrisseau à Saint-Paul-De-Vence, France, 1969, Centre d'art indigène, CIRNAC.

Invitation au vernissage de l'exposition Morrisseau à la Galerie St-Paul, septembre 1969, avec l'aimable autorisation de la Kinsman Robinson Gallery.

Images de la chaîne de télévision française INA montrant l'exposition de Morrisseau à St. Paul de Vence, 1969.

Norval Morrisseau, Sacred Bear Ancestral Figure, 1969.

    Ces rares images de la télévision française nous invitent à découvrir l'exposition d'art de Morrisseau.

    Norval Morrisseau, Sacred Turtle Shaking Tent, 1969.

    Dans cette toile, Morrisseau illustre jiisaakan comme une partie du corps ou de la coquille de Mikkinuk. La porte correspond au cœur de la tortue. Un faisceau d’énergie encadre l’image et une figure spirituelle pénètre par la bouche ouverte de Mikkinuk. 

    Les tons de terre de la toile correspondent à la palette de couleurs habituelle de Morrisseau à cette époque.

    Morrisseau parle de la tortue sacrée et de son lien avec la tente tremblante. 

    Lorsqu’un chaman mène une cérémonie de la tente tremblante, il a besoin d’une personne pour interpréter les voix qu’il entend. Les Ojibway donnent le nom de Mikkinuk à l’interprète. Il ressemble à une petite tortue, mais, malgré sa taille, il possède une puissance considérable et peut même s’avérer dangereux.

    Norval Morrisseau, Art of Norval Morrisseau, 1979, p. 62.

    Morrisseau peint un jeune enfant vêtu d’un capuchon jaune sur un fond rouge vif, deux couleurs choisies pour leur symbolique spirituelle. Les motifs floraux sur le capuchon rappellent le perlage.

    Les capuches de prière occupaient une place importante dans les cérémonies des communautés cries comme celle de Sandy Lake, où est née Harriet, l’épouse de Morrisseau.

    Norval Morrisseau, Papoose, 1969.

    1971

    La couverture de ce catalogue d'exposition de 2000 montre une image d'archive de Morrisseau debout à côté d'une peinture murale réalisée conjointement par Carl Ray (à gauche), Joshim Kakegamic (à droite) et Norval Morrisseau au début des années 1970.

    Un certain nombre d'artistes autochtones commencent à adopter des éléments du langage visuel de Morrisseau et ce style est souvent appelé Woodland School ou Woodland art.

    Au printemps 1971, le ministère de l’Éducation de l’Ontario embauche Morrisseau, l’artiste cri Carl Ray, ainsi que l’artiste cri Joshim Kakegamic (le frère de Harriet) pour organiser une série d’ateliers de formation dans le nord de la province. Ils se rendent notamment à Kirkland Lake, à Timmins, à Elliot Lake et à l’île Manitoulin.

    En 1973, l’artiste odawa Daphne Odjig invite Norval Morrisseau à se joindre à elle pour fonder un collectif d’artistes autochtones. Celui-ci aura pour objectif d’offrir du mentorat et du soutien aux artistes autochtones émergent-e-s. 

    Daphne Odjig dirige la galerie Warehouse à Winnipeg et invite six autres artistes à se joindre à elle. La Professional Native Indian Artists Inc. (PNIAI), parfois surnommée le « Groupe indien des Sept », met sur pied plusieurs expositions de 1973 à 1975.

    L’impressionnante exposition 7 : Professional Native Indian Artists Inc., organisée par la commissaire anishinaabe Michelle Lavallee à la MacKenzie Art Gallery en 2013, explore la portée du groupe.

    Norval Morrisseau, Water Spirit, 1972.

    Morrisseau présente ce tableau puissant à l’occasion de l’exposition Indian Art '72, présentée au Musée Royal de l’Ontario. Empreint de mouvement et de puissance spirituelle, cette œuvre remarquable de Michipichou, l’esprit sacré du monde aquatique, incarne le dynamisme de cet être spirituel cornu. L’artiste intègre six cercles fragmentés, des axes de communication et d’énergie. 

    Jean Chrétien regarde Water Spirit lors de la visite de l'exposition Indian Art '72 à Toronto, ON.

    Accompagné du commissaire mohawk Tom Hill, le ministre des Affaires indiennes Jean Chrétien admire Water Spirit lors de sa visite à l’exposition Indian Art '72 à Toronto en 1972. Avec l’aimable permission du Musée royal de l’Ontario.

    Norval Morrisseau, Shaman Rider, 1972.

    Dans ce tableau évocateur de 1972, Morrisseau dépeint la transmigration sous la forme d’un chaman qui chevauche un Oiseau-Tonnerre. Cette œuvre, composée de tons terreux, propose au public une épistémologie relationnelle d’interconnexion avec des oiseaux; un gardien du savoir et un esprit puissant qui s’envolent vers le monde céleste. Les lignes et les cercles fragmentés illustrent l’énergie spirituelle qui se dégage de l’œuvre.

    Lors de sa détention à Kenora en 1973, Morrisseau crée un dessin sur papier essuie-tout; celui-ci représente l’histoire de la truite sacrée qui amène l’âme humaine vers une « nouvelle existence ». Morrisseau peignait souvent des poissons sacrés, mais ce dessin met en lumière sa démarche expérimentale pour illustrer une histoire ou un enseignement. Les traits illustrent ses intentions et inspireront ses futurs tableaux.

    Norval Morrisseau, Transmigration of the Human Soul To Another Existence, 1972-73.

    Norval Morrisseau, Norval Morrisseau and Jack Pollock at Cafe Counter, Toronto 1973.

    Prise onze ans après la première rencontre entre Norval Morrisseau et le marchand d’art Jack Pollock. Leur relation a survécu à des moments difficiles pour se transformer en une profonde amitié. 

    Peinte à la prison de Kenora, cette œuvre occupe une place majeure dans le documentaire de 1974 de l’ONF, Norval Morrisseau : un paradoxe. Tandis que Morrisseau remet en question son rapport au christianisme dans le documentaire, le narrateur cite ce tableau comme preuve de son lien religieux persistant. Peu de temps après, Morrisseau découvre le mouvement Eckankar et délaisse complètement le christianisme.                                              

    J’ai l’impression de m’être affranchi du christianisme. Le Christ ne me traverse plus jamais l’esprit. Mais je crois qu’il avait une bonne âme… Je le vénérais, mais on m’a lavé le cerveau au point de le craindre.  

    Norval Morrisseau, Art of Norval Morrisseau, 1979, p 42.

    Norval Morrisseau, Indian Jesus Christ, 1974.

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