Spiritualité

Eckankar

En 1975, Morrisseau adhère au mouvement Eckankar, une tradition spirituelle qui prône la dualité de l’âme et du corps. Les adeptes croient que le voyage de l’âme mène à l’émancipation spirituelle. À partir des années 1970, le vocabulaire visuel de Morrisseau, notamment en ce qui concerne les couleurs, est très influencé par Eckankar.

Dans son livre, In My Soul I am Free, Paul Twitchell se présente comme le père d’Eckankar, l’ancienne science du voyage de l’âme. Après 1975, Morrisseau a entamé une transformation de son langage visuel en y incorporant des couleurs et des sujets liés à son exploration d’Eckankar. 

Cette œuvre exprime les changements dans les idées spirituelles de Morrisseau. Le panneau de gauche illustre son grand-père, Moses Potan Nanakonagos, qui incarne le mino bimaadiziwin, c’est-à-dire le concept de « vivre une bonne vie ». Séparé de son grand-père dans le panneau de droite, le jeune Morrisseau lui explique respectueusement ses liens avec tous les êtres vivants, mais grâce à de nouveaux enseignements spirituels qui apparaissent dans la partie supérieure droite du panneau. Le bras de Morrisseau et les enseignements d’Eckankar sont reliés par l’un des faisceaux d’énergie circulaire de Morrisseau, qui contient cette fois le mantra eckiste « HU ».  

Norval Morrisseau, The Storyteller: The Artist and His Grandfather, 1978.

Cette œuvre a été produite après la découverte spirituelle du mouvement d’Eckankar par Morrisseau. Elle montre comment ce dernier intègre Eckankar et sa spiritualité anishinaabe.

Le tableau dépeint les haut et bas mondes de la cosmologie anishinaabe. Le monde céleste comprend l’Oiseau-Tonnerre, le serpent-médecine à deux têtes et le peuple du ciel. Le monde terrestre se compose d’un chaman debout sur un ours sacré et un huard, en contact avec des poissons, des oiseaux et d’autres êtres sacrés dont la tête se trouvent à la croisée des deux mondes.

Norval Morrisseau, The Light is the Way, 1979.

Norval Morrisseau, Man Warding Off Psychic Powers, 1978.
 

Cette œuvre expérimentale offre un excellent exemple des efforts déployés par Morrisseau pour combiner les éléments de son langage visuel afin de saisir les liens spirituels entre le savoir anishinaabe et celui d’Eckankar. Morrisseau explore la technique des gouttes pour illustrer toute la complexité des couches de plans spirituels. 

Cette œuvre figure dans Art of Norval Morrisseau en 1979 avec la description suivante : 

La figure principale se rattache au premier plan physique, celui de la conscience, représenté par le thème de l’oiseau et du poisson. Le troisième œil, l’œil spirituel de l’homme, contemple le plan astral au-delà du plan physique.

Art of Norval Morrisseau, 1979, 143

Norval Morrisseau, Door to Astral Heaven, 1977.

Combiner les enseignements d'Eckankar avec les modes de connaissance des Anishinaabeg : Une nouvelle vision du monde

Norval Morrisseau, Androgyny, 1983.

En 1983, Morrisseau écrit au Premier ministre Pierre Trudeau et offre Androgyny en cadeau au peuple canadien. Trudeau accepte avec enthousiasme ce cadeau.

Bien que nous ne puissions que spéculer sur les raisons qui ont poussé Morrisseau à offrir cette œuvre imposante au Canada, Carmen Robertson croit que Morrisseau y voyait l'occasion de transmettre un enseignement sur la relation et la parenté, puisque l'œuvre célèbre l'interconnexion entre tous les êtres vivants. 

Morrisseau a écrit :

Le chaman qu’est Androgyne s’oriente dans les quatre directions, qui regorgent d’éléments de la nature canadienne, d’êtres-tonnerre, de serpents et de tortues sacrées, de fleurs, d’animaux et de nous, les enfants de la Terre-Mère. 

Correspondance de James P. Richards au nom de Norval Morrisseau à Tom Axworthy, secrétaire du premier ministre Pierre Trudeau, le 19 février 1983, Archives du Centre d’art autochtone.

Ce chef-d'œuvre dépeint des images aux couleurs vives d'animaux, d'humains et d'êtres spirituels vivant dans un univers interconnecté, où se trouvent des couches de récits et de formes de savoir qui nous entourent tous et toutes.

Le message central de l’œuvre rappelle l’équilibre, les liens et les considérations pour les générations à venir.

L’offrande de Morrisseau invite à repenser les relations de la société canadienne avec le territoire et les peuples autochtones.

La maison des inventions m'a donné la couleur.

Norval Morrisseau: Return to the House of Invention, 1997, p.14

Débordante de couleurs, cette image illustre la manière dont, plus tard en carrière, Morrisseau associe divers enseignements spirituels dans ses toiles. L’Oiseau-Tonnerre amène l’homme et l’enfant vers un portail astral tandis que dans la sphère qui encadre les êtres se trouve des oiseaux, des poissons et des animaux.

Norval Morrisseau, Thunderbird Man Child Yellow Portal Red, 1993.
 

Norval Morrisseau, Observations of the Astral World, 1994.

Mon art reflète ma propre personnalité spirituelle.

Norval Morrisseau: Return to the House of Invention, 1997, p. 58.
Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.

Cette large toile illustre la façon dont Morrisseau allie tous les aspects de sa spiritualité, de la cosmologie anishinaabe au symbolisme chamanique, en passant par les enseignements d’Eckankar. Il fait appel à de vives couleurs pour évoquer un sentiment d’équilibre entre deux sphères ou mondes. À gauche, l’artiste peint une famille en lien avec les êtres vivants de l’aki, ou territoire, sur un fond cuivré. À droite, les figures de chaman dans le cercle sont accompagnées de l’ours sacré, des poissons et d’une coiffe d’oiseau-tonnerre. Les deux groupes se trouvent de part et d’autre d’un arbre. Le tronc central de cet arbre du savoir correspond à une ligne de partage noire. Morrisseau ajoute un cercle jaune, associé aux enseignements eckistes, à partir duquel des poissons, symboles d’esprits sous-marins, traversent la composition scindée, illustrant ainsi les échanges entre les différents mondes.

Retour au haut de la page