Récits visuels

Les éléments d'un langage visuel

Norval Morrisseau, Grandfather Sharing Stories with All Living Beings, 1989.
 

Dans ce dessin, réalisé vers la fin de sa carrière, l’artiste continue de rappeler le rôle essentiel des récits intergénérationnels en illustrant la façon dont les parents ou les proches se réunissent pour écouter les aadizookaang (les récits de la tradition orale anishinaabe), une source de transmission du savoir.

Norval Morrisseau, Unfinished Portrait, 1972.
 

Ce tableau inachevé de Morrisseau de 1972 permet de voir et de mieux comprendre sa technique picturale. Morrisseau commence cette œuvre et d’autres en appliquant des blocs de couleur, puis en ajoutant des lignes noires pour relier les figures entre elles. Dès les années 1970, Morrisseau emploie des couleurs acryliques plus intenses et plus pures, même s’il peint rarement sur toile avant la fin de la décennie. Le premier détenteur de cette œuvre était un pilote de brousse de Kenora, en Ontario, qui connaissait Morrisseau et possédait un restaurant à Red Lake à la fin des années 1960. Il a récupéré l’œuvre et l’a fait encadrer lorsqu’une de ses clientes a confié l’avoir jetée à la poubelle.

Les lignes, les cercles fragmentés et les interconnexions communiquent l’énergie et expriment des relations vivantes qui animent ses récits visuels. Selon Morrisseau, la couleur ajoute du mouvement et de la complexité à ses œuvres. 

Dans cette œuvre de 1972, Morrisseau relie tous les éléments au moyen de traits et de cercles fragmentés. Son usage de la ligne comme élément de liaison se révèle essentiel dans son langage visuel. En effet, elle aide à communiquer la force spirituelle en constante circulation parmi tous les êtres vivants dans le monde stratifié qu’il perçoit et qu’il exprime dans son œuvre.

La ligne traduit un véritable mouvement dans ce tableau. À cette époque, Morrisseau peint souvent des œuvres avec des tons de terre ou des couleurs naturelles, comme c’est le cas ici. 

Norval Morrisseau, Shaman Rider, 1972.

Le vocabulaire artistique de Morrisseau en images :

  • La ligne noire 
  • Les cercles fragmentés
  • La couleur
  • La composition
  • L’énergie spirituelle
  • Les récits visuels

Norval Morrisseau, Water Spirit, 1972.

Norval Morrisseau, The Gift, 1975.

The Gift, présenté à l’exposition Magiciens de la Terre, constitue une œuvre majeure de narration visuelle. Celle-ci déploie une charge politique et spirituelle puissante. Un missionnaire se trouve du côté gauche du tableau, en contact avec un chaman par une poignée de main. La transmission des points suggère la variole et la propagation de la maladie lors du contact avec les personnes européennes. Derrière la figure du chaman, Morrisseau peint un enfant qui semble attiré par le pouvoir du sac-médecine du missionnaire orné d’une croix et émettant des lignes de puissance. On voit le chaman retenir l’enfant. 

Morrisseau emploie une palette de couleurs de vert et de rouge pour souligner les différences épistémologiques entre les deux figures spirituelles. Le vert et le rouge mettent en valeur le cœur du chaman comme point central, tandis que la tête ou la rationalité du missionnaire est soulignée en vert et en rouge, comme lieu de prise de décision.

Le bleu clair et le bleu foncé 


Morrisseau a reçu des couleurs dans un rêve-médecine :

Je te donne deux couleurs, le bleu foncé pour représenter la nuit, le bleu clair pour représenter le jour.... Ce rêve m’a beaucoup marqué.  

Legends of My People, 1965 p. 69.
Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.

Dans cette œuvre phare, Morrisseau recourt à des couleurs éclatantes pour rendre hommage à Kateri Tekakwitha, ou le Lys des Mohawk. Morrisseau a peint Kateri au moins trois fois au cours de sa carrière. Cette figure importante a été béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1980. L’artiste utilise ici des tons sacrés de bleu clair et de bleu foncé, ainsi que plusieurs couleurs pour illustrer son auréole et son aura spirituelle.  

Norval Morrisseau, Lily of the Mohawks, 1974.
 

Exposition de Morrisseau à la Place de l'Ontario à Toronto en 1984.

Morrisseau décrit la signification de son art selon une approche astrale d’Eckankar, afin d’expliquer comment, pour lui, la couleur agit de façon spirituelle dans ses œuvres.

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