Morrisseau peint l'eau ou Nebi à travers des histoires sur le caractère sacré de l'eau en tant qu'êtres vivants. Ces œuvres sont imprégnées d'une force spirituelle.
Il y a des siècles… un serpent cornu » a donné au peuple « les connaissances sacrées au sujet de plusieurs centaines de médecines.
Legends of My People, 1965, p. 55.
Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.
Ce tableau, présenté lors de l’exposition à la Pollock Gallery en 1962, illustre à merveille les premières expressions du vocabulaire narratif de Morrisseau.
Morrisseau peint l’intérieur des corps de l’ours et du poisson en blanc pour marquer leur caractère sacré. Une ligne relie le poisson à l’ours, de leurs bouches à leurs derrières, de façon à souligner leur rapport sacré. Morrisseau ajoute un motif de cercle ou de soleil fragmenté sur le dos de l’ours. De plus, il intègre une série de courtes lignes sur l’ours et le poisson pour évoquer leur énergie spirituelle.
Morrisseau évoque les liens d’interdépendance et de parenté entre tous les êtres aquatiques. Il introduit une figure spirituelle à l’intérieur du poisson pour faire valoir auprès du public le caractère sacré de ce rapport.
TRUITE
Chez les Autochtones, le poisson représente l’âme humaine – on se transforme en poisson lorsque notre corps astral se rend dans le monde de notre existence totémique surnaturelle.
Norval Morrisseau: Return to the House of Invention, 1997, p. 118.
Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.
Morrisseau peint Nepii-Naba à plusieurs reprises dans les années 1960 et 1970.
Dans son livre de 1965, Legends of my People, Morrisseau partage des récits d’un homme-sirène et d’un chaman qui parcourent des grottes et des tunnels du lac Nipigon.
Dans un des récits, Morrisseau raconte qu’après avoir lancé son harpon de pêche sur un homme-sirène au lac Nipigon par inadvertance, l’homme « est entraîné, corps et âme, dans l’eau ». Ce dernier ne se noie pas, mais il ressent une force le pénétrer pour lui permettre de respirer; il est ensuite emmené dans un périple à travers toutes les grottes et les tunnels sous-marins, dans… tous les rochers en offrande.
Norval Morrisseau, Legends of My People,1965, p. 22.
Cette œuvre à l’encre et au marqueur sur carton porte sur la transformation, un thème récurrent dans l’art de Morrisseau. Ici, l’artiste saisit le rêve d’un chaman où un guide spirituel pénètre le corps d’un homme-sirène ou encore celui de Nepii-Naba.
Les hommes-sirènes portaient chance aux personnes qui leur offraient du tabac… ils calmaient l’eau et garantissaient la sécurité des déplacements sur les lacs et les rivières. Parmi les Ojibway, on dit que les êtres de l’eau possèdent une grande sagesse et une grande puissance. Ces hommes, ces femmes et ces enfants vivent de la pêche… on les appelle Maymaygwaysiwuk.
Morrisseau, Legends of My People, p. 25-26.
Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.
De nombreux récits sont racontés en langue ojibwemowin, mais ça ne me suffisait pas. Je voulais les dessiner – à ma manière – à partir de ma propre imagination.
Norval Morrisseau: Return to the House of Invention, 1996, p. 92.
Cette peinture représente Mikinaak au sein d’un réseau de liens sociaux avec le cosmos, représenté dans l’œuvre avec des êtres et des lignes d’énergie.
Mikinaak, ou « tortue » se trouve à la fois sur la Terre et dans l’eau. La tortue possède le pouvoir de protéger les êtres sous-marins des Oiseaux-Tonnerre.
Corbiere & Migwans, Before and After the Horizon: Anishinaabe Artists of the Great Lakes, 2013, p. 47.
Morrisseau se fait prendre en photo devant sa toile Mother Earth en 1975 à la Pollock Gallery. La toile, avec ses tons de rouge et de bleu intenses, figure aussi dans l’ouvrage The Art of Norval Morrisseau de 1979 avec cette explication de l’artiste :
La mythologie ojibway, comme celle de la majorité des sociétés tribales, décrit la Terre comme “notre mère”. Ainsi, nous sommes les enfants de cette généreuse déesse.
(p. 125)
À ses débuts, Morrisseau travaille surtout à la tempera ou à la gouache sur de l’écorce de bouleau ou diverses sortes de papier et même des peaux. Il expérimente aussi avec de la peinture à l’huile pendant une courte période.
Cory Dingle, un ami de Morrisseau devenu le directeur de sa succession, raconte :
Un jour ensoleillé, on travaillait tranquillement et Norval Morrisseau me dit : “Sais-tu pourquoi je ne peins pas à l’huile? C’est parce que ça pue”. Il explique que lorsqu’il réalisait quelques peintures à l’huile, elles mettaient du temps à sécher et que sa petite maison se remplissait d’émanations nocives. Il a ensuite raconté que sa maison était mal chauffée et peu isolée en hiver, de sorte que les huiles ne séchaient presque jamais. Il était vraiment heureux d’avoir découvert l’acrylique.
Correspondance avec Cory Dingle, février 2024.
Morrisseau peignait souvent des poissons sacrés aux couleurs et aux motifs intérieurs élaborés. Dans ce tableau, Morrisseau peint le sac d’œufs du poisson avec un bleu sacré, accompagné d’une couleur orange cuivrée pour transmettre visuellement la dimension sacrée du poisson.
Chez les Autochtones, le poisson représente l’âme humaine – on se transforme en poisson quand le corps astral se rend dans le monde de notre existence totémique surnaturelle.
Norval Morrisseau: Return to the House of Invention, 1997, p. 118.