Relations

Aki Terre

Morrisseau peint la terre, et non les paysages.

Aki est le mot ojibwé qui désigne la terre. La terre, en tant qu'entité vivante, faisant partie des liens de parenté, signifie plus qu'une ressource naturelle ou une possession. Les paysages, qui constituent une partie importante des traditions artistiques eurocentriques, ne sont pas une forme que Morrisseau a utilisée dans ses œuvres d'art. Les expressions artistiques de Morrisseau transmettent les façons Anishinaabe de connaître Aki comme un être actif et vivant qui est interconnecté avec nous tous. Les Oiseaux-Tonnerre et les nombreux êtres vivants de la terre et du ciel sont interconnectés dans ces œuvres d'art.

Norval Morrisseau, Caribou, 1969.

Dès le début de sa carrière, Morrisseau peint des orignaux. Cet orignal mâle (que l’on désigne à tort comme un caribou) porte en lui deux huards. Le huard constitue un des sept dodems qui composent les clans.

Morrisseau décrit un rêve qui comprend un orignal. Dans le rêve, les Oiseaux-Tonnerre disent à l’artiste :

Cet orignal que tu as vu, il est aussi la vie, parce qu’il est fort, remarquable, puissant et en santé. C’est toi. Des parties de l’orignal feront partie de toi pour te garder et te défendre toute ta vie.

Legends of my People, 1965, p. 66.

Norval Morrisseau, The Moose Dream Legend, 1962.

Cette œuvre a été achetée dès le vernissage de l’exposition à la Pollock Gallery en 1962. 

    Norval Morrisseau, Migration, 1973.
     

    Les récits de migration jouent un rôle central dans la culture anishinaabe et Morrisseau a souvent peint des scènes de migration. Les personnages à bord du canot en écorce de bouleau bénéficient de la protection de poissons sacrés lors de leur déplacement d’un campement à un autre qui a pour but de laisser le territoire se régénérer.  

    Saul Williams parle de la famille et de la pratique de la migration.

    L’artiste Saul Williams explique que les communautés anishinaabe se déplaçaient au fil des saisons pour se nourrir, mais aussi pour éviter qu’un site ne devienne surutilisé et trop sale, "comme Toronto!"

    Cette image de l’Oiseau-Tonnerre le dépeint avec un serpent-médecine cornu sortant de sa bouche.

    Morrisseau a été invité à réaliser une série d’œuvres pour Herbert T. Schwarz pour d’illustrer Windigo and Other Tales of the Ojibways (1969), mais ce dessin ne figure pas dans le livre.   

    L’Oiseau-Tonnerre représente un grand protecteur pour les Ojibway. Ses dents symbolisent ses pouvoirs surnaturels. Cet Oiseau-Tonnerre était l’un des plus redoutés, car il vivait aux confins de la Terre, il ne possédait pas de corps, seulement des ailes, avec un bec plein de dents et un œil énorme – c’était un mâle. Il était juché dans un nid fait d’os et de branches de cèdre, assis sur un énorme œuf lorsque celui-ci commença à éclore et mettre au monde sa progéniture réincarnée. Avant qu’elle ne se matérialise, il dévorera sa propre progéniture afin qu’aucun autre Oiseau-Tonnerre ne puisse exister à part lui. Mais comme il était féroce, l’Oiseau-Tonnerre offrit de protéger l’Autochtone 

    Morrisseau décrit l’Oiseau-Tonnerre dans une lettre à Jim Stevens, Stevens Archive_1_A2.

    Norval Morrisseau, Thunderbird, 1966.

    Norval Morrisseau, Thunderbird with Inner Spirit, 1978.

    L’artiste et commissaire anishinaabe-kwe Bonnie Devine fait remarquer que, dans la composition de son tableau, Morrisseau situe l’Oiseau-Tonnerre en l’entourant d’un côté d’eau et de terre de l’autre côté, de sorte à le placer au centre d’un utérus aux couleurs symboliques, entouré par aki et nebi.

    Un combat se joue ici, mais on remarque que, malgré la bataille, des lignes de communication relient les combattants. L’équilibre est là, toujours. Cette œuvre met de l’avant la notion que tout est échange, fluidité et constante recherche d’équilibre

    Bonnie Devine, entretien, 2020, McMichael Gallery, Kleinberg, Ontario

    Ce tableau, réalisé vers la fin de la carrière, comprend une petite apparition de Morrisseau en scooter, alors qu’il est atteint de la maladie de Parkinson.  

    Les Ojibway se servent de toutes les herbes dans la forêt, tout comme les racines et les écorces des arbres. Certain-e-s Autochtones des sociétés de médecine plaçaient de petites offrandes de tabac là où les herbes avaient été récoltées. 

    Legends of My People, 1965, p. 51.

    Norval Morrisseau, Thunderbird and Canoe in Flight, Norval on Scooter, 1997.

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