Le concept de famille va au-delà de la famille nucléaire telle que la conçoivent de nombreuses sociétés occidentales. Morrisseau dépeint sa propre famille nucléaire, mais ses œuvres élargissent aussi la portée du concept à tous les êtres vivants. Morrisseau représente souvent la Terre-Mère et se situe parfois en relation avec elle.
Cette œuvre de 1973 est une autoreprésentation de l’artiste dans son environnement. Lors de sa vente en 1977 à Montréal, l’œuvre est intitulée Wheel of Life. La sphère rappelle une œuvre que Morrisseau a peinte de lui dans l’utérus de la Terre-Mère.
Dans Artist in Union with Mother Earth, l’artiste présente un coït de corps enlacés en forme circulaire. Morrisseau associe ainsi son corps à la fertilité de tous les êtres vivants – la Terre-Mère – de façon à transmettre le rapport des liens familiaux comme un tout.
Le conservateur Greg Hill a installé ces trois œuvres d'art l'une à côté de l'autre dans l'exposition rétrospective de Morrisseau afin de susciter des conversations visuelles sur la terre et l'eau en tant que relations avec les êtres humains.
Androgyny célèbre la vie. Morrisseau a peint cette grande murale pour promouvoir les liens qui unissent tous les êtres vivants et pour rappeler à la population canadienne de prendre soin de la Terre et de tous les êtres vivants. En 1983, Morrisseau a contacté le premier ministre de l’époque, Pierre Trudeau, pour offrir cette œuvre à toute la société canadienne. Or, pendant vingt ans, l’œuvre a croupi dans le hall d’entrée du bâtiment qui abrite les Affaires indiennes, sans véritable reconnaissance de la généreuse offrande.
L’étroite relation entre Morrisseau et son grand-père maternel, Moses Potan Nanakonagos, se reflète dans les nombreux récits et les savoirs transmis par ce dernier, dont une grande partie est consignée dans son livre Legends of My People: The Great Ojibway (1965).
Tout au long de sa carrière, Morrisseau peint son grand-père et d’autres membres de sa famille, notamment sa femme, ses enfants et ses petits-enfants.
Mon grand-père a été la personne la plus influente de toute ma vie. Il était un homme de mythes, un chaman.
Norval Morrisseau, Art of Norval Morrisseau, 1979, p. 41.
Logan Fiddler, l’arrière-petit-fils de Norval Morrisseau, lit en anglais une citation de ce dernier en 2023.
Mon grand-père a été le premier à croire en moi.
Norval Morrisseau, Art of Norval Morrisseau, 1979, p. 46.
Cette œuvre exprime les changements dans les idées spirituelles de Morrisseau. Le panneau de gauche illustre son grand-père, Moses Potan Nanakonagos, qui incarne le mino bimaadiziwin, c’est-à-dire le concept de « vivre une bonne vie ». Séparé de son grand-père dans le panneau de droite, le jeune Morrisseau lui explique respectueusement ses liens avec tous les êtres vivants, mais grâce à de nouveaux enseignements spirituels qui apparaissent dans la partie supérieure droite du panneau. Ces êtres sont reliés à la main tendue de l'artiste par une ligne qui conceptualise son acceptation des enseignements d'Eckankar - communiquée clairement par l'inclusion d'un faisceau d'énergie circulaire avec le mantra Eckist HU.
Le grand-père maternel de Morrisseau, Moses Potan Nanakonagos, le père de sa mère, Grace, était un chaman Mide et un important modèle à suivre, qui lui a transmis des enseignements et des récits.
Ce dessin, réalisé vers la fin de la carrière de Morrisseau, illustre encore une fois son recours au trait pour communiquer l’art du conte intergénérationnel.
Cette toile d’un ours sacré comporte aussi un thème familial. Morrisseau recourt à son langage visuel pour peindre un ours sacré qui renvoie à une histoire que son grand-père Moses Potan Nanakonagos lui a racontée au sujet de son ancêtre, Little Grouse.
L’ours sacré occupe une place centrale dans la vie de Morrisseau, car il lui est apparu dans sa quête de vision.
Mon grand-père paternel était Little Grouse (Petite Gélinotte) et, au cours de son année de jeûne, il a fait un grand rêve-médecine : « Mon fils, je serai ton gardien et je te donnerai un pouvoir spécial. Même si tu n’es pas un chaman ou un guérisseur, tu auras le pouvoir de faire le bien. Je te porterai chance, mais tu devras me respecter sous ma forme terrestre et ne jamais me tuer. À présent, je vais me glisser dans ton corps ». Selon ce rêve-médecine, mon grand-père croyait qu’il y avait un ours à l’intérieur de son corps. Il ressentait sa présence dans son dos ou sa hanche.
Norval Morrisseau, Legends of My People: The Great Ojibway, 1965, p. 45.
Morrisseau peint le géant ours sacré plus tard dans sa carrière. Comme il vit sur la côte ouest, l’ours blanc se niche dans les montagnes. Sous l’ours et les montagnes, une famille participe à une cérémonie dans une tente, entourée d’ancêtres.
Photo prise lors d’une exposition à la Pollock Gallery en octobre 1963. Morrisseau et sa famille, dont Harriet, Victoria et leur bébé Eugène, sont arrivés à la galerie et ont contribué à dynamiser les ventes de ses œuvres. La photo a été prise en 1963 par un photographe du Globe and Mail, mais elle ne paraît dans le journal que le 27 janvier 1965, dans le cadre d’un article sur l’art de Morrisseau écrit par la critique d’art du quotidien, Kay Kritzwiser. Celle-ci, en tentant de décrire l’artiste, finit par le dénigrer : « Le pouvoir de Morrisseau de relier le monde de ses ancêtres au monde moderne en conflit avec le premier laisse le jeune peintre perplexe. »
Morrisseau a peint ce portrait de sa femme Harriet et de leur petite fille pour accompagner un autoportrait en chaman.
L’aînée de Norval et Harriet, leur fille Victoria, a fait l’objet de plusieurs tableaux et de dessins par Morrisseau.
Morrisseau dessine et peint souvent une mère allaitant un ourson et un enfant. Sa conception originale d'une peinture murale choisie pour l'un des murs extérieurs du pavillon des Indiens du Canada pour l'Expo 67 à Montréal, au Québec, comprenait une image similaire à celle-ci. L'image d'Expo 67 a toutefois été censurée par les autorités gouvernementales, et c'est finalement l'artiste cri Carl Ray qui a réalisé la peinture murale modifiée du pavillon, modifiant le dessin original en détournant le garçon et l'ourson de la poitrine de leur mère. Dans sa conception finale, la dédicace « In Honour To My Grandfather Potan Nanakonagos And To Our Ancestors » (En l'honneur de mon grand-père Potan Nanakonagos et de nos ancêtres), signée de la signature syllabique de Morrisseau, Copper Thunderbird (Oiseau-tonnerre en cuivre), a été maintenue afin de reconnaître l'importance des histoires intergénérationnelles dans l'art de Morrisseau.
Saul Williams évoque le lien qui se crée lorsque tout ce qui permet de nourrir et d'habiller un enfant provient de la terre.
À l'époque, il n'y avait pas de magasin, pas d'endroit où acheter du lait maternisé, pas d'endroit où acheter des couches pour bébés. Tout venait de la terre et c'est ce qui se passe ici. La mère élève son enfant avec son sein... L'enfant devient plus fort grâce au lait naturel.