L’acte de donner trouve écho dans l’art de Morrisseau. Dès ses débuts artistiques, il a offert des œuvres sur wiigwaas en guise de remerciement.
En 1960, Morrisseau rencontre Selwyn Dewdney, artiste et éducateur passionné par le Bouclier canadien. Dewdney et Morrisseau se lient d’amitié et Dewdney dirige l’édition de l’ouvrage Legends of My People, publié en 1965. La correspondance entre ces deux amis au début des années 1960 donne un aperçu des difficultés et des succès de Morrisseau comme jeune artiste.
Dans cette lettre à Selwyn Dewdney, Morrisseau parle de l’utilisation de l’écorce de bouleau comme support pour ses œuvres d’art et explique que la récolte de l’écorce de bouleau se fait uniquement dans les mois de mai et de juin.
Morrisseau parle des neuf œuvres sur écorce de bouleau créées pour les Weinstein à Cochenour et des œuvres représentant le serpent-médecine pour le Dr Matavi à Winnipeg.
Ce tableau rappelle l’une des premières toiles présentées par Morrisseau à Jack Pollock au cours de l’été 1962, un moment immortalisé par une photographie qui figure dans l’ouvrage The Art of Norval Morrisseau.
Jack Pollock raconte :
Les images étaient à plat, squelettiques et économes. Elles dégageaient une impression unique de l’espace… Pour moi, c’était un moment de pure excitation et d’exaltation.
Norval Morrisseau, The Art of Norval Morrisseau, 1979, p. 17.
Cette peinture réalisée sur wiigwaas est enroulée et, en raison de sa fragilité, elle doit désormais demeurer ainsi. Voilà un autre exemple de Bagijige, ou de cadeau, car Morrisseau a créé cette œuvre en guise d’offrande à ses amis.
Morrisseau a inscrit un message au dos de l’œuvre au stylo :
« Chaleureuses salutations à mon meilleur ami, Selwyn, et à sa famille,
Cordialement, Norval et sa famille ».
Dans un récit qui, selon Morrisseau, s’inspire des Ojibway et d’une « tribu du Peuple de la Maison longue connue sous le nom de Noduweck », Morrisseau raconte un concours de force. (Norval Morrisseau, Legends of My People: The Great Ojibway, 1965, p. 91-101)
Regarde ça, Noduweck, tu vois les Oiseaux-Tonnerre dans le ciel? Ils pourchassent ton protecteur.
Norval Morrisseau, Legends of My People: The Great Ojibway, 1965, p. 91-101.
Cette œuvre, réalisée à partir de deux feuilles d’écorce de bouleau cousues ensemble, a été créée pour les Weinstein à Cochenour à la fin des années 1950.
Le tableau sur écorce de bouleau explore la transformation d’homme en Oiseau-Tonnerre vingt ans avant le célèbre tableau Man Changing into Thunderbird.
Morrisseau conçoit cette œuvre alors qu’il vit à Cochenour, où il travaille dans une mine d’or. Il l’a vend aux Weinstein, artistes et premiers adeptes de son art.
Morrisseau a peint cette première œuvre d’un serpent cornu sacré à la fin des années 1950. Celle-ci fait partie de la collection de Joseph et Esther Weinstein, qui ont soutenu et conseillé Morrisseau pendant leur séjour à Cochenour, en Ontario. Le serpent blanc en forme de spirale porte un sac-médecine en plus de posséder des éléments décoratifs à l’intérieur et autour de son corps sinueux.